J'ai toutes les raisons du monde pour être heureuse. Pourtant, j'ai l'impression qu'il en est autrement...
J'ai le sentiment d'avoir perdu une partie de moi-même. Une pièce essentielle dans ce qui s'appelle l'humain. Mon coeur a dû être remplacé dans mon sommeil. J'ai dormi si longtemps, mes yeux ont été fermés trop longtemps sur beaucoup de choses. Je ne me reconnais plus. On dirait qu'en quelque part, j'ai gardé une image de la Elise que je me suis toujours imaginée. Maintenant je la compare avec celle que je suis devenue et je ne peux m'empêcher d'y voir des divergences. Je suis un paradoxe, une contradiction. Surtout après des soirées comme hier, mon bal, je me déteste particulièrement. Je ne sais pas comment j'en suis venue à haïr ma personnalitée. Peut-on s'haïr? Peut-on réellement détester ce qu'on
est? Parce que nous sommes toujours seul avec nous-même au bout du compte, la pire des souffrances est de ne pas s'aimer. J'ai l'impression de cumuler les remords et les regrets. Ni a-t-il pas pire choses que ces deux sentiments? De passer sa vie à vouloir retourner le temps pour faire, ou ne pas faire, des gestes, des paroles? Pourtant, quand on regarde en arrière, il nous apparaît tellement facile de poser les actes qu'on n'a pas oser poser sur le moment. J'ai l'esprit qui brûle, remplit d'images qui tournent pour former un immense brouillon de noirceur. Pourquoi suis-je devenue ce monstre? L'ai-je toujours été? Serait-ce maintenant, quand ma folie atteint son paroxysme, que j'ouvre les yeux sur qui je suis réellement? Je refuse d'être ce que je vois. Mon âme se rebelle contre l'image de ma conscience. Et si, par un triste sort, je perds le peu d'humanité qu'il me reste, je veux que mon coeur s'arrête et que mon corps se consume avec l'acide de mes tourments empoisonnés.